Celle pour qui la honte à la gloire est unie,
Qui de tout son bonheur a payé son génie,
Et n’en a point joui…

– « Chant de Sapho, » Poésies complètes (1858)
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Une des qualités qui distinguent son talent, c’est la vigueur de la pensée ; mais, comme dans son recueil il n’est pas un vers où elle soit restée généreuse, ces sentimens patriotiques qui s’échappent du sein d’une femme timide, d’une modeste mère de famille, ont, aux yeux du lecteur, un air de nouveauté qui le ravit autant qu’il l’étonne.

– Victor Chauvet, Revue Encyclopédique, 1826
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biographie

      C’est donc au sein du foyer familial que l’éducation d’Amable puisera ses premières lignes directrices, notamment auprès de sa mère qui est la personne la plus digne, selon Monseigneur Dupanloup, pour développer « ces qualités naïves d’humilité et de douceur » qui doivent guider la petite fille sans oublier les apprentissages fondamentaux édictés par les nouveaux précepts de l‘Instruction des Enfants après l’ancien régime. Amable apprendra donc à lire, à écrire tout en cultivant son goût pour les arts qui lui permet d’adoucir le joug de l’éducation austère que la religion exigeait des enfants nés dans son milieu social. Ainsi les premières émotions ressenties à la suite de l’apprentissage d’une poésie domestique au sens le plus large, naquirent en elle grâce au charisme, au grand sens et au grand mérite de sa mère, car « c’est en elle qu’elle a puisé, nonobstant ses tendresses de femme poète, ce sens judicieux, ferme, suivi, un peu mâle, ce bon esprit instruit, appliqué, ces lignes sûres et correctes, et ce quelque chose d’étranger et même de contraire à toute vapeur aristocratique » comme l’exprime si pertinemment Sainte-Beuve. Mais cet exemple maternel qui fut capital pour guider ses premier pas, Amable ne put en profiter bien longtemps…
      En effet, quand Amable se demande, à l’image de l’enfant à l’ange dans le poème « L’ange gardien » : « Quel destin m’est permis ? », comment pourrait-elle s’imaginer que ce destin entre les mains duquel elle remet sa vie, allait lui infliger la pire des souffrances que peut supporter un enfant de sept ans : la mort de sa mère.
      Amable dut alors affronter la première épreuve, qui hélas !, ne sera pas la dernière que sa vie de gloire, de courage et d’abnégation lui réservait. Sa poésie, son art, seront à jamais marqués par cette disparition tragique qui a laissé dans son cœur et dans son âme une cicatrice que rien, ni personne, n’effacera jamais.

– Catherine Poussard-Joly, Madame Tastu ou la muse oubliée, 1995