Marceline Desbordes-Valmore (1786-1859) – biographie
De triomphe et d’obscurité,
Où l’orgueil insultant nous punit et se venge
D’un éclair de célébrité….
– « À Délie, » Élégies, Marie, et romances, (1819)
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Je lis l’éloge de Mme. Desbordes-Valmore dans les journaux, je souhaite la lire elle-même, ses poésies sont sous mes yeux, je les dévore, et je sens que ne pourrai m’empêcher d’unir ma voix à celle des estimables écrivains qui lui ont donné leurs suffrages. Dans cette disposition d’esprit, le hasard me révèle quelques particularités sur Mme. Valmore, je sais qu’il est possible qu’elle soit obligée de ne plus se consacrer à la poésie….
– Adélaïde Dufrénoy, La Minerve Littéraire, 1820
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biographie
Véritable “prolétaire des lettres”, selon l’heureuse formule de L. Descaves, elle a toujours été obligée, comme dit la langue populaire, de “compter” : fourmi autant que cigale. Constamment à court d’argent, vu l’irrégularité des ressources du ménage (elle n’était pas prodigue ; généreuse plutôt : elle envoyait aussi ponctuellement qu’elle pouvait les vingt francs mensuels de son frère Félix, à l’hospice de Douai), n’était-elle pas suppliée par son amie Caroline Branchu d’accepter de temps en temps une paire de gants ? Plus d’une de ses lettres est discrètement ponctuée de ces microbudgets qui trahissent une gêne non étalée, mais réelle. Plus d’une aussi fait état de soucis multiples ; instruction des enfants, recherche lancinante d’un logis toujours trop cher problèmes de santé, de domesticité, cent questions posées par la vie quotidienne qui occupent agréablement l’esprit…tant qu’elles ne le préoccupent pas. Ainsi, ses poèmes lui furent autant imposés par les tyrannies de l’argent – “ce mot de fer : argent”, écrit-elle- que dictés par les aléas de sa vie sentimentale. Ses strophes furent souvent un gagne-pain, ce qui ne diminue en rien leur valeur, après avoir été, comme on le verra, une thérapeutique. Si, selon le mot d’E. Montégut, “elle a gagné sa poésie à la fatigue de son cœur”, ce fut aussi à celle de son poignet. Tout sa vie, elle aura été à la peine, aux deux sens du terme : douleur et labeur.
– M. Bertand, Les œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore, 1973.