Poésies inédites (1881)

Une élégie encor ?

Une élégie encor ? mais ma vie en est une
Qui dévore mon cœur en le forçant d’aimer ;
Seulement, fleur des nuits, le grand jour l’importune,
Et sous tous les regards on la voit se fermer.

Le vent souffle trop fort et le rayon de lune,
Si caressant qu’il soit, sait aussi l’alarmer ;
Elle n’ose s’ouvrir qu’à la source commune,
La rosée aux pleurs lents si doux à parfumer.

Un moment on put croire, indiscrète parole,
Qu’elle avait déplié les bords de sa corolle,
Et laissé deviner son cœur mystérieux.

Savez-vous donc ce qui dans cette ombre se passe,
Et quel rêve y revient murmurer à voix basse
L’hymne de l’amour chaste, ardent et sérieux ?

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