Louisa Siefert : Spleen d’été
Poésies inédites (1881)
Spleen d’été
Ciel gris, chaudes vapeurs qui montez de la terre,
Fruits qui tombez de l’arbre, épis qui vous courbez,
Eau morte, noir miroir des feuillages plombés,
Tout en vous est pour moi morbide et délétère ;
Car je pressens par vous l’inquiétant mystère
Des secrets qui nous sont à jamais dérobés,
Et qu’aux déserts lointains Nils et Meschacébés
Roulent avec tristesse en leur flot solitaire.
Et mon esprit est las et saturé d’ennui
De voir que toujours plus se creuse devant lui
L’inconnu, l’infini de sa propre pensée,
Tandis que mon cœur lourd cherche en vain un appui,
Et ne peut, malgré tant de douleur amassée,
Éteindre le désir de l’œuvre commencée.
Les Ormes, août 187…