Louisa Siefert : L’orage a passé
Les Stoïques (1870)
L’ORAGE A PASSÉ
L’orage a passé ; mais les flots sont durs
Et de leurs coups brefs la plage est heurtée :
Agrès fracassés, barque démâtée
Attestent l’horreur des combats obscurs.
L’orage a passé ; mais la mer tressaille
Et lance l’écume aux rocs déchirés ;
Les vents sont éteints, les cieux azurés :
Un cadavre au loin nous dit la bataille.
Le soleil levant projette sur l’eau
Ses rayons rosés, l’heure se fait chaude,
Et, blanche, émergeant des flots d’émeraude,
Une voile s’ouvre au bord du tableau.
Éternel danger, sublime assurance !
Le pêcheur repart pour la haute mer,
Ainsi qu’en mon âme, autre gouffre amer,
Sur mes vers brisés la nef Espérance.