L’année républicaine (1869)

BRUMAIRE

La séve descend aux racines,
La force abandonne les cœurs.
— Sur les vieilles tours en ruines,
Les geais poussent des cris moqueurs.

La force abandonne les cœurs,
Les bras tombent de lassitude.
— Les geais poussent des cris moqueurs,
Enhardis par leur solitude.

Les bras tombent de lassitude,
Les lendemains viennent boiteux.
— Enhardis par leur solitude,
C’est l’heure des trafics honteux.

Les lendemains viennent boiteux
Après l’élan de la bataille.
— C’est l’heure des trafics honteux,
L’on se trahit & l’on se raille.

Après l’élan de la bataille,
Sur les sinistres tuinuli,
— L’on se trahit & l’on se raille
Malheur aux vaincus de l’oubli !

Sur les sinistres tuinuli
On met les tréteaux de la foire.
— Malheur aux vaincus de l’oubli !
Sombre est la nuit, lente est l’histoire.

On met les tréteaux delà foire,
Car les histrions sont vainqueurs.
— Sombre est la nuit, lente est l’histoire,
La force abandonne les coeurs.

Car les histrions sont vainqueurs.
Quand Brumaire dort aux ravines,
La force abandonne les coeurs,
La sève descend aux racines.

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