Louisa Siefert : Le bon Dacier

Le bon Dacier et sa savante femme
Etant onze ans avant de s’épouser,
Sans se revoir qu’à peine, et sans oser
Trahir l’aveu qui leur inondait l’âme,

Pour dérouter la critique ou le blâme,
Avaient trouvé ce moyen d’en user :
Dans leurs écrits ils s’entendaient causer,
Et chaque livre était bouche à leur flamme.

Ainsi, trompant curieux et jaloux,
Quand il lui fit chez Sapho les yeux doux,
Anacréon a répondu pour elle.

Ainsi j’en sais dont Labruyère et Viau,
Sous fine glose ou poème nouveau,
Ont abrité l’amoureuse querelle.

Les Ormes, octobre 187…