Louisa Siefert : Il est doux de s’aimer….
Poésies inédites (1881)
Il est doux de s’aimer lorsqu’on est jeune et beau,
Qu’on marche deux à deux par des routes fleuries,
Où naissent sous vos pas les folles rêveries,
Tandis qu’au loin la joie agite son flambeau.
Il est doux de s’aimer quand, lambeau par lambeau,
L’espoir s’en est allé de nos âmes meurtries ;
Quand, pour tout horizon, parmi des fleurs flétries,
Le jour déjà mourant vous montre le tombeau.
Il est doux de s’aimer, qu’on sourie ou qu’on pleure,
Tôt ou tard, pour toujours, pour longtemps, pour une heure,
Car le charme est divin de se laisser charmer,
Et sans cesse, qu’on ait dix-huit ans ou soixante,
Le cœur, seul immortel, de sa voix caressante
Vous murmure à l’oreille : Il est doux de s’aimer !
Rochefort, 13 novembre 187…