Louisa Siefert : En boquinant
Poésies inédites (1881)
En boquinant
Lorsque je viens m’asseoir à cette table verte,
Où d’un doigt docte et sûr je feuillette Ronsard,
Et que de mon côté regardant par hasard,
Tu vois sur le papier courir ma plume alerte :
– À quelle fantaisie a-t-elle l’âme ouverte,
Dis-tu, qui la retient, plus grave qu’un vieillard,
À commenter ainsi la poésie et l’art,
Entre un abbé qui songe et l’autre qui disserte ?
Ce que je fais, ami, ne le comprends-tu pas ?
Je cache ma rougeur aux pages de mon livre,
Je lis des vers d’amour, j’en murmure tout bas ;
Je te cherche des yeux, de loin je t’entends vivre,
Et, l’oreille tendue au rythme de tes pas,
De l’air de cette salle, ô maître, je m’enivre.
Écrit à la Bibliothèque Mazarine.