Louisa Siefert : Des vers !
Poésies inédites (1881)
Des vers !
Oh ! si je les notais comme je les entends,
Tous les vers qui pour vous chantent dans mon oreille,
Et qui battent de l’aile au rappel du printemps,
Comme oiseaux matineux que le vent tiède éveille ;
Si je les formulais, tous ces mots hésitants,
Qui fondent sur ma lèvre en douceur non pareille,
Ainsi qu’une rosée, et s’exhalent contents
Vers le ciel où sans fin leur désir appareille ;
Si je vous les disais, les jours, les mois, les ans,
À les tous écouter ne seraient suffisants,
Car ils sont plus nombreux que fleurs à la prairie,
Que vagues à la mer, qu’astres aux nuits d’été ;
Et l’amour serait mort en mon âme appauvrie
Avant que s’épuisât cette fécondité.
Pau, avril 187…