Louisa Siefert : Chanson triste
Poésies inédites (1881)
CHANSON TRISTE
Un vent chaud souffle par bouffées,
Les fleurs aux robes étoffées
Sont en émoi ;
Et les tendresses étouffées
Vibrent en moi.
Au ciel voici la blonde abeille,
Et les oiseaux et la vermeille
Aube du jour,
Et dans mon cœur qui se réveille
Voici l’amour.
C’est le concert divin des choses :
Accords du vent semant de roses
Les verts taillis
Qu’autrefois mes strophes écloses
Ont recueillis ;
Rythmes ardents dont je me sèvre
Et qui prêteraient leur fièvre
Si je chantais ; —
Or j’ai mis un doigt sur ma lèvre
Et je me tais.