Poésies inédites (1881)

Blessure du cœur

La blessure du corps sèche et se cicatrise ;
Pourquoi celle du cœur ne peut-elle guérir ?
Et, lorsque la jeunesse au front vient refleurir,
Sur l’âme, hélas ! pourquoi n’a-t-elle plus de prise ?

O faible que je suis ! si le soleil irise
Le ciel bleu, j’ose vivre, rimer, chanter, courir ;
S’il fait froid, s’il fait noir, je m’oublie à souffrir,
Et le passé fatal me hante et me maîtrise.

D’où sommes-nous issus pour qu’il en soit ainsi ?
Quels éléments subtils composent donc notre être
Que la chair reste saine et l’esprit obscurci ?

Le besoin d’une paix qui ne saurait renaître,
Et d’un accord rompu sans appel ni merci,
Est-ce tout ce qu’on gagne à se vouloir connaître ?

Octobre 187…

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