Louisa Siefert : Après la foudre…
Poésies inédites (1881)
Après la foudre…
Après la foudre qui ravage
Et le vent sombre qui la suit,
On voit parfois en une nuit
Reverdir l’herbe du rivage.
Mille odeurs, montant vers l’azur,
Témoignent que la violette
À rafraîchi sa cassolette
Et lavé son petit cœur pur.
Comme si, pour elle apaisée,
La pluie à flots qui fouettait l’air,
Malgré l’ouragan et l’éclair
N’avait été qu’une rosée ;
Tandis qu’en vain ensoleillés
Par ce rayon de jour de fête,
Là-bas, attestant la tempête,
Tous les lilas sont effeuillés.
Et nous, souvent, à cet exemple,
En nos printanières saisons,
Par nos maux et nos guérisons
Nous étonnons qui nous contemple.
Hier un orage de pleurs
Grondait jusqu’au fond de mon être,
Et ce matin voici renaître
Tous mes rêves ensorceleurs :
Ainsi le doute et l’assurance,
Ainsi les deuils et les amours…
Mais quelque chose en meurt toujours,
Et c’est la fleur de l’espérance.
Les Ormes, août 187…