Poésies inédites (1881)

 

« Car j’aime trop quand on me veut aimer. »
(Clément Marot)

Amis, le vrai soleil nécessaire à ma vie,
Ce n’est pas, croyez-moi, celui qui brille aux cieux :
Qu’il monte et resplendisse, ou se cache à mes yeux,
Mon âme aux noirs regrets n’est pas moins asservie ;

La gloire et ses rayons ne me font plus envie,
L’éclat d’un nom vanté ne m’est point précieux ;
Et leur reflet s’éteint sur mon front soucieux
Tant que ma grande soif demeure inassouvie.

Ce qu’il me faut, à moi, c’est la sainte clarté,
C’est la douce chaleur des tendresses que j’aime,
Astre, foyer, volcan, mais la flamme quand même !

Et vainement ici je viens chercher l’été :
Tout est froid, tout est mort, où mon cœur vous désire ;
Amis, rien ne m’est plus, loin de votre sourire.

Pau, décembre 187…

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