Louisa Siefert : À ma grand’mère
Poésies inédites (1881)
À MA GRAND’MÈRE
EN LUI OFFRANT LES Rayons perdus, 3e ÉDITION
Grand’mère, enfin voici ce livre,
Mon fils premier-né, mon enfant,
Qui tout d’abord eut peine à vivre
Et vit aujourd’hui triomphant.
Mais s’il a trouvé dans le monde
Si bienveillant et bon accueil,
C’est que longtemps sa tête blonde
À ployé, triste, sous le deuil.
C’est qu’il n’est pas de plainte vraie
Qui ne ravive en chaque cœur
La cicatrice d’une plaie,
Le souvenir d’une douleur.
C’est qu’il n’est rien qui soit encore
Plus fort, plus jeune, chaque jour,
Que le printemps et que l’aurore,
Que la poésie et l’amour.
C’est que la grande enchanteresse,
C’est que le doux magicien
Ont pris mon enfant en tendresse,
Chacun d’eux l’adoptant pour sien.
C’est qu’au saint combat de la vie,
Où nous versons tous notre sang,
Seul, l’espoir jamais ne dévie,
Seul le courage est tout-puissant.