Poésies inédites (1881)

À Madame Jaubert

J’aime le fruit très mûr que l’abeille a mordu,
Les roses de Noël par la neige froissées,
Le chaud rayon doré dans l’ombre confondu,
Et l’éclat adouci des parures passées.

Ainsi l’appel lointain du cœur seul entendu
Nous rouvre en souriant les routes effacées,
Et de tout ce qui fut l’amour, rien n’est perdu
Tant que son frais parfum attendrit nos pensées.

Ainsi vos yeux, Madame, au long regard subtil,
Soir d’automne charmant plus qu’un matin d’avril,
Font que le temps lui-même auprès de vous s’attarde ;

Ainsi comme bercé par le flot enchanté,
Au son de votre voix rêvant votre beauté,
On oublierait la vie alors qu’on vous regarde.

Les Ormes, décembre 187…

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