Louisa Siefert : À Madame de L. R.
Poésies inédites (1881)
À Mme de L. R.
QUI ME DEMANDAIT DES VERS
Oui, je vous en ferai, des vers. Ils vous diront
Que je vous attendais quand vous êtes venue,
Qu’à vous voir dès l’abord je vous ai reconnue,
Que j’ai trouvé mon rêve éclos sur votre front,
Car vous réalisez ce beau mot du poète :
« Tout ce que la souffrance a de cher et de doux. »
Vous êtes grâce et charme, et l’on ne sent en vous
Que tendresse de sœur ou de mère inquiète.
Mais ce parfum, plus frais que le muguet des bois,
C’est presque à votre insu qu’il faut qu’on le respire ;
Et, quand le rythme ardent vous brise et vous inspire.
C’est en secret encor qu’on entend votre voix.
Et moi, que l’inconnu pousse à l’infini sombre,
Hirondelle, herbe folle emportée à tout vent,
J’aime et j’admire en vous le mystère émouvant
De l’oiseau dans la cage et de la fleur à l’ombre.
Pau, décembre 187…