Poésies de Mlle Élisa Mercœur (1829)

Le réveil d’une vierge

La cloche matinale et résonne et t’appelle,
Vierge ; ne rêve plus un prestige effacé.
    Éveille-toi, l’airain de la chapelle,
Plaintive Nataly, déjà s’est balancé.

C’est l’heure où chaque jour, soulevant ta paupière,
    S’ouvrent tes yeux, cet asile des pleurs ;
Quand au pied des autels, près de tes jeunes sœurs,
    Ta douce voix soupire une prière ;
      Sur le marbre silencieux
      Incline-toi, vierge timide ;
Dans un calme sacré, fais méditer les cieux
      À ton âme pure et candide.
Oh ! ne rappelle pas un souvenir trompeur,
    En déchirant le voile des mensonges :
      Qu’échappée au séjour des songes,
Ton âme soit un ange au sein du Créateur !
Le monde te parut de loin comme un orage,
    Tu l’évitas, comme un craintif agneau ;
    Et de l’oubli sur sa funeste image
Le cloître qui t’enferme a posé le bandeau.

La cloche matinale et résonne et t’appelle,
Vierge ; ne rêve plus un prestige effacé.
    Éveille-toi, l’airain de la chapelle,
Plaintive Nataly, déjà s’est balancé.

(Décembre 1825)

Retour à la table des matières