Ce qui est dans le cœur des femmes: Poésies nouvelles (1852)

Sonnet

Laissons au Nord brumeux les moroses pensées,
Les ronces qui toujours aux fleurs vont se mêler.
Nous, enfants du grand fleuve aux ondes cadencées,
Comme son vif courant laissons nos cœurs aller.

Pur miroir du soleil, beau Rhône au doux parler,
Écloses sur tes bords, deux âmes enlacées
N’ont point le pâle amour de froides fiancées ;
Gais rayons, on les voit sourire et scintiller.

Transports, amour, folie, ivresses débordantes,
Comme la mer au flux, à vos vagues ardentes
Un cœur chaud du Midi se gonfle impétueux :

Il plane, il chante, il rit au monde qu’il embrasse :
Mais profond est ce cœur qui bout à la surface,
Autant que l’est ton lit, fleuve majestueux.

1850

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