Louise Colet : Le printemps
Ce qui est dans le cœur des femmes: Poésies nouvelles (1852)
Le printemps
Quel beau soir ! Quel air pur ! Quel suave bien-être !
Dans son limpide azur la lune me sourit ;
Lilas et marronniers, que le printemps fleurit,
Élèvent leurs rameaux jusques à ma fenêtre.
Dans ce petit jardin, de hauts mus circonscrit,
Pour m’offrir son parfum chaque fleur semble naître ;
Chaque oiseau de son chant m’agite et me pénètre.
O nature ! je sens ton souffle et ton esprit !
En toi la séve court, en moi monte la flamme !
Mes bras cherchent des bras ; mon âme appelle une âme !
En face, à ce balcon, qui vient de s’éclairer,
Je crois le voir. C’est lui ! tout mon être s’élance.
Non ! il est loin ; partout solitude et silence.
Passés dans l’abandon, les beaux soirs font pleurer.
1852