Ce qui est dans le cœur des femmes: Poésies nouvelles (1852)

Le baiser du poëte

Quand je reçois avec recueillement,
Comme on reçoit le baiser d’un amant,
Le pur baiser qui clôt votre visite,
Si sur mon front une rougeur subite
Monte soudain, si mon cœur bat plus vite,
Si du bonheur j’ai le tressaillement,
C’est que je sens une clarté divine
Par ce baiser passer dans ma poitrine,
C’est que je crois, poëte créateur,
Que votre esprit, que la muse domine,
Répand en moi son souffle inspirateur.
Oui, par un Dieu mon âme est possédée,
Et dans mon sein il fait germer l’idée.
La fleur, dit-on, est ainsi fécondée
Par le baiser des vents de l’équateur.
Août 1846

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