Charles Baudelaire, L’albatros (1857)
¶ 1
Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage Leave a comment on line 1 1
¶ 2
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers, Leave a comment on line 2 1
¶ 3
Qui suivent, indolents compagnons de voyage, Leave a comment on line 3 1
¶ 4
Le navire glissant sur les gouffres amers. Leave a comment on line 4 1
¶ 5
À peine les ont-ils déposés sur les planches, Leave a comment on line 5 1
¶ 6
Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux, Leave a comment on line 6 1
¶ 7
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches Leave a comment on line 7 1
¶ 8
Comme des avirons traîner à côté d’eux. Leave a comment on line 8 1
¶ 9
Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule! Leave a comment on line 9 1
¶ 10
Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid! Leave a comment on line 10 1
¶ 11
L’un agace son bec avec un brûle-gueule, Leave a comment on line 11 1
¶ 12
L’autre mime, en boitant, l’infirme qui volait! Leave a comment on line 12 1
¶ 13
Le Poète est semblable au prince des nuées Leave a comment on line 13 1
¶ 14
Qui hante la tempête et se rit de l’archer; Leave a comment on line 14 1
¶ 15
Exilé sur le sol au milieu des huées, Leave a comment on line 15 1
¶ 16
Ses ailes de géant l’empêchent de marcher. Leave a comment on line 16 1
¶ 17 Leave a comment on line 17 1
À l’époque de Baudelaire et de Delacroix, la France est en pleine reconstruction économique et politique. La liberté d’expression et l’abolition de la monarchie permettent à l’un des plus grands compositeurs européens, Frédéric Chopin, de voir le jour. Mais c’est aussi le début de la révolution industrielle pendant laquelle l’un des plus grands poètes du symbolisme, Charles Baudelaire grandit. Malgré une liberté accrue comparée à la monarchie française, ses oeuvres et poèmes sont restés incompris et non reconnus tout au long de sa vie. Dans nos vies, quelles sont les choses les plus importantes ? Qu’avons-nous peur de perdre ? Qu’est-ce qui nous apporte de l’anxiété et de la douleur ? Ces questions nous permettront de mieux comprendre le poème et le tableau. Nous allons donc, dans un premier temps, analyser « L’albatros » de Baudelaire avant de porter notre attention sur le portait de Chopin peint par Eugène Delacroix. Ceci nous permettra de relever des similitudes ainsi que des contrastes entre ces deux œuvres.
Tout d’abord, “L’Albatros” est un poème de la seconde édition du recueil Les Fleurs du Mal publié en 1861. Le recueil fut immédiatement censuré et jugé immoral lors de sa première publication en 1857. De nombreux poèmes ont été retirés avant la publication de la seconde édition. Le poème fait partie de la section “Spleen et Idéal” du recueil. Ce poème comporte quatre quatrains en alexandrins avec des rimes croisées ou alternées. « L’Albatros » fait partie de la section ” Spleen et Idéal “. Cette section fait référence à l’élévation du poète ainsi qu’aux potentielles raisons de son inévitable déclin. On peut d’ores et déjà distinguer la condition humaine ainsi que le manque de compréhension du poète parmi les raisons de sa mélancolie et de son désespoir. Baudelaire a été inspiré lors de ses nombreux voyages, notamment son voyage à l’ile Maurice. Baudelaire s’est inspiré de cet oiseau, l’albatros afin d’illustrer le manque de compréhension de ses contemporains. Baudelaire nous fait comprendre sa vision et sa pensée incomprises par ses contemporains. Cette incompréhension associée à la condition humaine frustre le poète face à sa recherche de l’Idéal. Il ne propose pas encore de solutions, les raisons de sa mélancolie profonde ou encore l’Idéal invitant le lecteur à continuer le voyage à travers son recueil. Ensuite, le portrait de Chopin, peint par Eugène Delacroix en 1838, était à l’origine un double portait où George Sand, compagnon de Chopin, y figurant. La composition originale comprenait Chopin en train de jouer du piano ainsi que George qui le regarde. La composition a, probablement, été séparée afin de générer plus de profit.
Afin de comparer le poème de Baudelaire et la composition de Delacroix, nous allons scinder le poème en trois différentes parties avant d’analyser en détail chaque vers. Ensuite nous allons étudier le portrait de Chopin afin de remarquer les similitudes et les contrastes.
Partie I (1er quatrain) : Association du poète à un albatros, puissant oiseau des mers. Ainsi que la métaphore de « l’élévation » du poète qui est la tentative de dissociation de sa condition humaine et la recherche de l’idéal.
Partie II (2es quatrains) : Comparaison à la condition humaine, l’albatros est cloué au sol. Ainsi, le poète est forcé de subir le « spleen ».
Partie III (3e et 4e quatrains) : Symbole de la chute de l’albatros, et, donc, du poète. Ainsi, le poète retombe au sol, incompris et mal adapté à cette vie.